Archives de Catégorie: Les tendances de la BD

Il en reste un peu, je vous le mets quand même ?

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Totalement à l’abandon depuis Février, je reviens sur ce blog, après un déménagement chaotique et un changement de boulot, sur les 2 mois passés avec un pot (pas si) pourri de news, plus ou moins fraiches, de critiques éclairs et de mini-reports.

On commence avec la Soirée Gasp! , sous l’égide de l’asso Vide Cocagne, ma première sortie nantaise.

Affiche de la soirée Gasp!

Affiche de la soirée Gasp!

L’affiche donne clairement le ton, une baston de dessinateurs sous fond de bonne musique. Comment ne pas se laisser tenter par un tel programme ?

Vous pouvez admirer ci-dessous une partie des performances, réalisées via retroprojecteurs, un florilège de personnages hauts en couleurs, et l’absence cruelle de filles malgré la présence annoncée de Delphine Vaute, que je n’ai pas vu (ou alors elle est très forte en déguisement).

On pouvait aussi trouver à la soirée pas mal de fascicules, bouquins et fanzine comme Soudain! ou certaines œuvres de l’affreux Terreur Graphique, déjà auteur de l’affiche de la soirée (ah, on me glisse dans l’oreillette que pas du tout, il s’agit d’une œuvre de Matt Dunhill, qui est bien plus sexy que les autres.)

Critiques expresses :

Pluto d’Urasawa d’après Tezuka, c’est vachement bien, c’est Dickien, mais ça sort à l’allure d’un chien à 2 pattes. Résultat, j’ai commandé la suite dans la langue d’Oscar Wilde…

– Dans un élan d’euphorie, j’ai acheté l’intégrale de Gus et d’Isaac Le Pirate de Christophe Blain. Inutile de préciser que je suis frustré par la non-fin d’Isaac et que ce n’est pas l’annonce de Quai d’Orsay chez Dargaud qui va sécher mes larmes. Je veux la fin d’Isaac et encore des aventures hautes en couleurs de Gus.

– Ed Brubaker et Sean Phillips forment une équipe formidable, ils pondent 5 tomes de Criminal impressionnants de maitrise et de noirceur et se permettent quand même de sortir Incognito, mélange réussi entre les code du polar et du super-héros pulp, le tout sans jamais de manichéisme. Balaise.

Une couverture d'Incognito, par Sean Phillips

Brèves :

Adèle Blanc-Sec est une farce navrante. Certes la photo et les costumes sont sublimes, mais les acteurs sont ridicules et le scénario est abominable d’humour sans finesse. Quand à la réalisation, la juxtaposition de bullet-time et de narration mièvre à la Amélie Poulain m’a fait vomir de dépit.

Un bras de fer qui semble assez mal barré s’est engagé entre les auteurs de BD et leurs éditeurs, via les syndicats d’auteurs. La source de tous les maux ? Les droits autour de la bande-dessinée numérique, ou plutôt des adaptations vers formats numérique. Actu à creuser parmi la revue de presse du SNAC.

D’ailleurs, l’une des grosses actu, c’est l’arrivée de l’iPad sur le marché. Beaucoup sont enthousiastes sur la bête, surtout en ce qui concerne les parutions des gros éditeurs de comics. Je conçoit l’intérêt de recevoir ses comics single sur un terminal portable, mais pourquoi au même prix (les couts d’impression se sont envolés), quel impact sur les boutiques et puis bon, je reste quand même un inconditionnel du livre papier, surtout quand je vois de belles éditions hardcover ou même carrément les éditions Absolute de DC…

On continue cette rétrospective avec la rencontre/exposition organisée à la librairie de La Machine autour de Tanquerelle et Yann Benoit.

J’avais déjà parlé de La Communauté dans un précédent billet, les deux auteurs ont confirmé tout le bien que j’en pensait, deux mecs simples et abordables, surtout après une téquila sunrise et des olives. J’en ai profité pour glaner une dédicace de La Vierge Froide (avec De  Bonneval, dont on reparlera bientôt à l’occasion du festival A2Bulles 2010 à Niort)

Critiques expresses (bis) :

– Quelque peu intrigué (voire agacé) par la hype qui l’entoure, j’ai mis la main sur deux bouquins de Bastien Vivès : Dans Mes Yeux et Pour l’Empire (avec Chabanne).

Le premier m’a surtout bluffé par le parti pris des couleurs au crayon, même si la couverture est atrocement ratée de ce point de vue, l’intérieur est sublime. Le scénario, une fois passé le coté « caméra subjective » est sympathique, sans non plus d’appel au génie.

Le second m’a tout autant bluffé au niveau de la colorisation, alors que la technique est totalement différente (par contre, ce n’est pas Vivès qui la réalise cette fois-ci mais Sandra Desmazière, qui mériterait autant que les deux mecs d’avoir son nom en couverture, mais passons…). Niveau scénario, je suis plus conquis que pour Dans Mes Yeux, mais bon, je suis un mec, je préfère les histoires de soldats aux histoires d’amour déçues.

Reste que j’attends encore de retrouver un album de Vivès qui me fasse autant marrer que ses notes de blogs, avec cet esprit cynique assez pertinent.

Vitesse Moderne de Blutch m’a déconcerté. Mais il m’a suffisamment bien déconcerté pour que j’achète sans hésitation Peplum. Retour à suivre.

– Les tomes 2 à 4 de l’édition hardcover de The Walking Dead sont aussi bons et désespérés que le premier. Le cauchemar sans fin continue, les zombies ne sont toujours qu’un prétexte à l’horreur humaine. Le tome 5 est attendu avec impatience et le projet d’adaptation TV qui prend forme sous le patronage de Frank Darabont est diablement intriguant.

Et pour finir, une invasion, parce qu’il faut conclure.

Retours : Les projets de Fred Boot, Pilmix.org et Bleuh

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Petit retour sur les activités de l’ami Fred Boot dont je chroniquais l’album Gordo dans un précédent billet.

Après un parcours en librairie malheureusement peu remarqué, Gordo est désormais à suivre en ligne, initiative des auteurs afin de redonner une seconde vie à cet album décalé. Une histoire à suivre ou à acheter si vous ne pouvez attendre la fin des aventures déjantées du premier singe crooner envoyé sur la Lune.

The Shakers

The Shakers

Parallèlement, Fred a publié un récit « rich media » inspiré des séries d’espionnage tels que « The Avengers » (Chapeau Melon et Bottes de Cuir) ou « The Persuaders » (Amicalement Votre) : The Shakers. Même si je ne suis pas convaincu par l’alternance de format narratif, on y retrouve néanmoins toujours le graphisme si particulier de Mr Boot et un esprit irrévérencieux et savoureux.

Finalement, on était en attente du prochain album, Rainbow Mist, scénarisé par Léo Henry à L’Atalante, ce ne sera finalement pas chez l’éditeur nantais, malgré un album déjà terminé. Espérons qu’il trouve acquéreur chez un autre éditeur.

On a déjà parlé de la bande-dessinée numérique à de nombreuses reprises sur ce blog, voici que j’attire votre attention sur une association dédiée à celle-ci, dont je suis le Trésorier, Pilmix.org.

Je vous invite à parcourir le blog et la page Facebook de l’association afin de découvrir les projets à destination des auteurs et des lecteurs de bande-dessinée numérique et à rejoindre l’Assemblée Générale virtuelle si vous voulez participer aux débats et projets.

Finalement, toujours sur la bande-dessinée numérique, je ne peut que vous supplier d’aller ou de retourner sur le blog de moon, Bleuh, car le petit homme bleu y continue de dérouler une synergie étonnante entre blog-bd, flash, interactivité et de développer un certain esprit communautaire très sympathique !

L’iPad n’apportera rien à l’amateur de BD !

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2 iPads, l'un présentant l'interface iBook Store et l'autre la visualisation d'un eBook.

Présenté depuis aujourd’hui au public, l’iPad était depuis quelque mois l’objet de toutes les rumeurs, toutes les convoitises, de tous les espoirs, et ce y compris au sein du petit monde de la bande-dessinée.

Pourtant ces espoirs sont clairement déçus, mais faut-il s’en étonner ? Apple décline ici ni plus, ni moins que la même politique liée à l’iPhone, un objet design mais pas aussi puissant qu’il pourrait l’être et complètement verrouillé par un système d’exploitation propriétaire.

Du point de vue de la bande-dessinée, aucune innovation particulière n’est à attendre, nous allons assister à un simple portage du contenu actuel proposé pour iPhone par toutes les compagnies du marché vers l’iPad, toujours les même difficultés à convertir du contenu vers un format lisible par le terminal numérique (iPhone, iTouch ou iPad), le même circuit de distribution fermé et monopolaire, la même commission empochée par Apple sur le prix de vente (30% du prix de vente final) et le même contrôle du contenu puritain (notamment en ce qui concerne la nudité – on est pas près de voir du Manara sur iPad !).

Ajoutons à cela l’impossibilité pour le Safari de l’iPad de lire du Flash (on ne pourra donc pas lire les créations de Balak ou de Moon), aucune connectique autre que le Dock propriétaire similaire aux iPods et iPhones (pas d’USB, ne pensez même pas à prêter un livre ou un BD, ou à en offrir sans passer par l’iBook Store nouvellement inauguré) ou encore une connexion internet 3G optionnelle (avec des forfait datas limités ou non) alors que même l’iPhone est passé à la 3GS, évidemment plus performante.

Coté confort de lecture, on ne pourra pas nier l’ergonomie du multitouch, certes, mais l’écran rétro-éclairé n’est certainement pas le moins fatigant pour les yeux surtout en comparaison avec les ebooks à encre électronique, qui ne nécessitent pas, eux, de rétroéclairage.

D’un point de vue créatif, c’est également peu encourageant, la présence du multitouch et de l’accéléromètre (qui permet aux iPhone et iPads d’ajuster l’orientation de l’affichage de l’écran en fonction de la position de l’objet) pourrait permettre de rêver à des narrations différentes, à des progressions autres, à des effets inédits, mais les auteurs auront-ils accès facilement à ces fonctions pour les modeler facilement ? De plus, lors d’un tour d’horizon sur Facebook et Twitter, j’ai bien remarqué une certaine déception chez certains dessinateurs de comics ou de webcomics, qui espéraient clairement un prolongement de l’App Brushes et la présence d’un stylet adjoint à l’iPad pour permettre une nouvelle forme de création (et pourquoi pas imaginer une forme de dédicace virtuelle des bandes-dessinées ?).

Bref, en un mot comme en cent, il me semble acquis que l’iPad n’est pas la révolution attendue et qu’il faudra reporter nos espoirs vers des versions futures du produit ou vers la concurrence. Mais peut-être que le temps me donnera tort, et que l’effet de mode générera des usages différents, des consommations différentes, qu’en pensez-vous ?

Bande-dessinée numérique : définition(s)

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Ces derniers temps, ce qui fait de plus en plus le buzz, c’est la bande-dessinée numérique. Le problème, à mon sens, c’est que toute personne arrivant dans cette gigantesque conversation d’initié est rapidement perdue. D’où la rédaction de ce billet, autant introduction pour ceux qui voudraient se pencher sur ce phénomène,  inventaire des initiatives passées et présentes, que réflexion sur les possibilités et l’avenir de cette nouvelle forme d’expression.

De nombreux mots ou expressions sont utilisés : webcomics, blog-bd, bande-dessinée numérique, motion-comics, tous ces termes sont parfois utilisés à tort et à travers. L’on parle parfois de numérique pour la conception, parfois pour la diffusion ou encore pour la relation contenu/contenant. Certains termes anglophones sont galvaudés dans leur utilisation française, bref c’est un beau bordel mes amis.

Donc au commencement, était le webcomics, car cette tendance, à mon sens vient d’abord des pays anglophones. Le webcomics c’est quoi ?

Très simplement, pour les anglophones, il s’agit tout simplement de toute bande-dessinée, qu’elle que soit sa forme publiée via Internet (ou par extension via un réseau comme Quantum Link pour les vieux Commodores, pour ce qui fut l’un des pionners, le webcomic T.H.E. Fox). On peut principalement trouver des strips quotidiens sur le modèle des sunday comics américain, publiés dans la presse quotidienne ou des histoires à suivre, publiée avec plus ou moins de régularité.

Une fois dans un milieu francophone, le terme webcomics a plus souvent été utilisé en opposition à celui de blog-bd, afin d’affirmer une volonté d’histoire à suivre, avec un début, une continuité et normalement une fin (bien que rare soient les webcomics actuellement qui soient finis, beaucoup sont soit abandonnés ou sur une longue lancée).

Pour le webcomics, le numérique est avant tout un atout en terme de diffusion gratuite et facile. Il s’apparente souvent à un procédé de prépublication et il n’est pas rare, en France comme aux USA, que ces webcomics passent du web au papier.

Passons maintenant à un phénomène franco-français, le blog-bd. Au départ très semblable au webcomics américains dans le sens ou il s’agissait pour des jeunes auteurs de publier leur travaux ou des petites histoires sous forme de strip ou de quelques pages, le médium s’est transformé petit à petit en un genre presque codifié d’auto-fiction, centralisé autour d’une ou plusieurs communautés, avec interpellation régulière du lecteur ou d’autres auteurs, certains tics ou références commune (les chats, une certaine attitude geek ou girly, etc.), bref d’un mode de diffusion, on est passé à un genre ou un exercice de style.

Ce genre a bien sur été porté vers le papier pour les blogs-bd les plus populaires ou les plus talentueux dans l’art de raconter sa vie (certains cumulant les deux particularités, d’autres non), mais une fois de plus, il s’agissait bien d’utiliser le numérique comme outil de diffusion et non pas comme une fin en soi.

Jusqu’ici point trop de subtilité, chaque terme, même si il convient de connaitre le contexte de son utilisation, est assez simple à définir.

Vient alors le gros bouillon de la bande-dessinée numérique, graal pour certains, montagne accouchant de souris pour d’autres, force est de constater qu’on y fout tout et n’importe quoi, y compris des webcomics et des blogs-bd, pourvu que cela puisse servir son propos.

Et c’est la où, pour moi, devient essentiel de distinguer une bande-dessinée qui est numérique car elle est diffusée via une plateforme numérique, et une bande-dessinée qui embrasse son mode de diffusion numérique, en prend conscience et s’en sert comme outil créatif.

En ce qui concerne les tuyaux, c’est assez simple les éditeurs et diffuseurs nous abreuvent de la « révolution numérique » en nous promettant tous les plus grands best-sellers sur iPhone (pour résumer grossièrement). J’en ai déjà parlé, je ne vois absolument aucun intérêt la dedans.

Nous avons également les motions-comics, proches de certains portages sur terminaux numérique, sauf qu’il s’agit alors tout simplement de bande-dessinées adaptée et converties en fichier vidéos, nous avons alors affaire à un simple dessin animé du pauvre…

A coté de cela, nous avons Bludzee. Sur le principe, Trondheim et Ave!Comics nous promettent une réelle bande-dessinée numérique, prévue pour son support et conçue dans ce sens. Au final, nous avons un sunday comics peu original, n’utilisant pas les spécificités de son support et déjà prévu en papier, car c’est plus rentable à l’heure actuelle.

Bien évidemment, Bludzee n’est pas la seule initiative à exploiter le support numérique, heureusement.

Tout d’abord, l’un des premiers à avoir plaidé en faveur d’une exploitation du médium et de ses possibilités est Scott McCloud, avec entre autre le « canevas infini » (à lire en anglais ici), ou le principe est d’exploiter le potentiel infini de l’écran dans 4 directions pour raconter une histoire. Du coté francophone, Olivier Philipponneau et sa Véridique Aventure d’Un E-Mail ont également exploré cette voie qui, d’après moi ne mène pas très loin, puisque assez indigeste et dont l’apport narratif n’est pas très concluant.

On retrouve des idées de narration similaire avec la narration horizontale avec le When I Am King de Demian5 et ses planches toutes en longueur ; certains strips de Bastien Vivès qui intègre la verticalité et la répétition de certains dessins (ou leur altération minime) – rendue possible par la réalisation numérique – dans sa narration ou encore les Plongées de RaphaelB innefficaces sans le scroll-down fluide d’une molette de souris ou d’un touchpad.

On peut aussi citer La Nouvelle Manga Digitale de Boot et Boilet, avec notamment des expérimentations autour des transitions entre cases/dessins et incluant des boucles sonores.

Beaucoup plus récemment, Balak a synthétisé  beaucoup de chose dans ses diaporamas didactiques, notamment sur l’apparition des cases, des phylactères, les transitions ou la persistance rétinienne (en faisant attention de ne pas tomber dans une animation au rabais).

Le succès aidant, cette forme de bande-dessinée a généré plusieurs essais de part et d’autre (vous pourrez retrouver des liens vers certains essais dans ce très long topic de Catsuka initié par le même Balak, ainsi que des réflexions intéressantes sur le sujet, des altercations et des trolls, attention lecture risquée !), et bien sur cela fut l’un des déclencheurs de la création du blog « Bleuh » de moon.

Celui-ci amalgame une partie des spécificités du blog-bd, notamment un chat, une certaine vacuité revendiquée, un lien direct et communautaire avec ses lecteurs et les expérimentations de Balak, en ajoutant aux diaporamas, des exercices narratifs ou le clic pour poursuivre la narration est intégré dans celle-ci (des boutons d’ascenseur, de sonnette), il explose la narration verticale et son contexte ou encore ajoute le glisser-déposer en action poursuivant la narration (même si j’avoue que celle-la, avant de la recaser dans un récit plus « classique », j’attends de voir).

D’ailleurs Julien Falgas, dans une note récente,  s’interroge sur la dimension interactive de la bande-dessinée numérique, sur l’immersion induite et des réflexes à construire pour le lecteur/acteur.

Dans un état d’esprit similaire, j’attends encore avec impatience une bande-dessinée numérique qui puise dans toutes ces possibilités, en invente d’autre, sans que le récit en lui même tourne autour de ces possibilités.

Toutes ces réflexions et expérimentations récentes ne font qu’alimenter des interrogations à mon sens, et j’attends que certains s’emparent des outils, créent des outils ou des modèles différents. Quelles histoires va-t-on raconter ? Est-on  cantonné à l’humour ou au feuilleton, facilement consommables ? Peut-on présenter une œuvre longue et complète au lecteur sur ces nouveaux formats et le convaincre de la pertinence d’une telle lecture indépendante du livre ? Comment réinventer le découpage, la pleine page, le gaufrier, et leur impact, sur des écrans de tailles et de résolutions différentes ? Doit-on intégrer le son ou l’animation pour souligner la narration ou doit-on s’en couper absolument pour ne pas perdre l’essence de la bande-dessinée ?

Beaucoup de questions, un article très long et parfois confus, je vous laisse démêler tout ça et en débattre dans les commentaires si vous le voulez bien.

Retours : BLAST, moon et la bande-dessinée numérique.

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Quelques retour sur des sujets soulevés dans les derniers billets publiés :

– Manu Larcenet nous parle de BLAST sur le site de L’Express.

Julien Falgas, fondateur de BD-en-Ligne et de Webcomics.fr a publié plusieurs billets sur l’avenir de la bande-dessinée numérique.

– Sébastien Célimon du Comptoir de la BD, a également publié plusieurs billets sur le sujet.

– Et pour finir, je vous engage à aller voir les nouvelles notes de moon, qui s’est essayer a des notes allant au delà des narration en diaporama « à la Balak » en essayant une histoire avec pub et en exploitant l’aspect participatif de la publication par blog.

Interview : moon

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Nombreux sont ceux à avoir suivi avec attention les expérimentations de Balak (1234) sur la bande-dessinée numérique, parmi ceux-là moon a cherché à aller plus loin que l’expérimentation et tente maintenant d’intégrer cette nouvelle dimension de l’art séquentiel sur internet au sein de son blog, « Bleuh, le blog gir- manly de moon« .

For Christo !

La dure tache de l'interviewer.

Comme moon est un gars qui en plus de réfléchir à la bande-dessinée numérique et d’en créer en ce sens, fait feu de tous bois sur différents blogs et sites, j’ai pensé qu’il serait le cobaye parfait pour mes techniques d’interrogation d’interview. Alors sans plus attendre, recueillons les propos de cet étrange bestiole, obsédée par le lait et le chocolat :

– Commençons par le commencement, qui es-tu d’abord ?

Je m’appelle moon et je viens de la Lune (ça te la coupe hein ?) pour analyser le comportement humain. J’aime dessiner des trucs et des bidules, écrire pour les autres (quand l’occasion se présente) et manger du chocolat.

Mais parce qu’il faut aussi une réponse un peu sérieuse, j’utilise ce pseudonyme depuis quelques années et j’ai trouvé logique de le conserver pour mes méfaits créatifs. Et je mange tout aussi sérieusement du chocolat.

– Et depuis cette descente sur Terre, tu as entrepris des études liées aux arts graphiques ?

Absolument pas. J’avais même lâché le dessin plus jeune pour me consacrer à la pétanque spatiale. Puis j’ai repris, doucement il y a quelques années et depuis, je n’arrête plus.

– Et comment est-ce que tu en es venu à publier tes travaux sur Internet ?

Extrait du blog "moon et motte"

Extrait du blog "moon et motte"

Si tu veux signifier par là publication de strips/BD, ça a débuté le jeudi 18 Décembre 2008 grâce à une blogueuse prénommée La Marmotte (moon & mottesur lequel on peut voir le premier essai de moon en BD Flash, ainsi qu’un autre de sa complice du moment) qui a accepté de monter un blog en duo.

Mais, artistiquement parlant, j’ai commencé bien avant sur internet en faisant des petits jeux. Bien aidé par le logiciel *bip* (pas légal en France, on va rien dire hein), je me suis pleinement consacré à l’écriture et la conception graphique et musicale. Le début de tout donc.

Oh, j’ai d’ailleurs un scoop, voici le site où on peut voir la toute première apparition de moon : Moonlite Game Studio.

Qui se douterait qu’il était destiné à autre chose que de la figuration pour logo ? Pas moi.

Logo Moonlite Game Studio

Logo Moonlite Game Studio

– Et donc, question technique, ca marche comment ? Crayons, ordinateur, tablette graphique ?

Un bureau, un ordinateur, 2 bras (les jambes n’étant pas indispensable une fois assis) ET, essentiel, un verre de lait, à côté.

Et même si je fais parfois quelques médiocres petits essais papier, j’avoue être un habitué du travail sur ordinateur et du verre de lait, à côté.

Je possède une tablette graphique (qu’on m’a amoureusement offert) mais je n’utilise actuellement que ma souris ; il faut sérieusement que j’essaye la tablette … celle-ci et celle de chocolat qu’il me reste.

– Tu fais partie de l’équipe éditoriale de Drôle de Capote, est-ce que tu peux nous expliquer comment est né le projet et comment tu l’as rejoint ?


Logo DDC

Le logo de Drôle de Capote.

Eric « Turalo » Dérian (qui si il continue, va finir par dédicacer en prison, cf. l’affaire du Blog de Franquin), s’était « révolté » de propos tenus par la Ministre du Logement (à relire ici) et a eu cette judicieuse idée de parler autrement de l’usage du préservatif et des autres accessoires de prévention : « Capote is fun ! » pour résumer.

J’ai adhéré dès le départ à l’idée. J’ai participé. Un peu. Beaucoup. J’ai couché. Aujourd’hui, je suis donc chargé de réceptionner et valider des idées, des propositions, et j’en écris pour d’autres quand je ne dessine pas moi-même.

L’objectif principal est et restera de faire passer ce simple message que la capote est ludique/amusante à utiliser. Un accessoire de plaisir tout simplement !

D’ailleurs, avis aux créateurs, je communique l’adresse : contact_at_droledecapote.fr

– Dans ton nouveau blog, tu t’es donc lancé dans des notes entièrement numériques, sur le modèle initié par Balak, est-ce que tu avais échangé avec lui avant de les créer ? Dans quelle mesure tu penses que ce format peut changer la « bande-dessinée numérique » ?

Ce n’est que récemment que j’ai écrit à Balak pour lui toucher 2, 3 mots. J’avais connaissance de ses réalisations qui ont été l’un des éléments déclencheurs de mes tentatives.

L’autre étant qu’actuellement, je ne suis absolument pas satisfait de l’offre numérique française. Donc avant de changer la BD numérique, il faudra déjà créer de la BD numérique simple d’accès et inédite ou exploitant intelligemment le support. Paf !

Personnellement, j’aimerais un jour arriver à proposer un contenu exploitant totalement le support numérique.

Et puis, on oppose parfois BD papier et BD numérique. Pourquoi ne pas simplement proposer des choses différentes et se délecter de la pertinence des deux supports ?

– Et donc avec « Bleuh… », tu as des objectifs en tête, voire des revendications ?

Extrait Bleuh

Extrait de "Bleuh, le blog girly de moon"

J’ai l’objectif de me faire plaisir !

Pour les revendications, à part les conditions de rémunérations qui sont inexistantes, rien, ou alors le fait de pouvoir montrer ce que je fais, tout simplement.

– Y-at-il d’autres voies pour de la BD entièrement numérique selon toi, des champs encore inexplorés ?

Assurément. Mais l’essentiel est que toutes ces voies restent simples et intelligemment exploités. Et la créativité doit rester le maître mot. Il ne faut pas adapter pour adapter. Juste créer.

– Alors on me dit dans l’oreille qu’en plus de tout ça, tu publie également des strips avec un certain Mathieu Sicard sur LePost.fr ? C’est vrai ça ?

Oui, Sicard et moon, avec Mathieu Sicard, un bien talentueux garçon et pas mal beau gosse quand même ! Il se charge de décortiquer l’actu, propose ensuite de pertinentes et amusantes réflexions dessus et je mets en images.

Sicard & moon

Extrait de "Sicard et moon" sur LePost.fr

– Tu produits quand même énormément ! Est-ce que tu as d’autres projets dans ton chapeau pointu en ce moment ?

J’ai des projets, toujours et sur d’autres supports ! Mais on va attendre que ça avance pour en parler…

– As-tu des artistes qui t’influencent ou plus simplement que tu admires ?

Des influences … c’est le genre de question auquel je ne sais pas répondre.
Je dirais : de ce qu’il se passe, de la vie. Je me nourris du monde (rooh elle est énorme cette phrase hein ? ).

Quand à ceux que j’admire … j’ai le droit de me citer ?
Fatalement, je vais te donner les plus récents et pour lequel j’ai quand même un certain attachement.

Eric « Turalo » Derian, qui m’a pas mal bluffé avec Le Blog de Franquin (sur une jolie composition scénaristique du talentueux Piak). Il a fait un monstrueux travail pour réaliser les planches pour internet puis pour tout réadapter au format papier !

Mady ! Elle a un trait, un style, un ton si fluide, si joliment sincère qu’on fond dans ces notes !
Et, eut égard à son talent, je la remercie encore plus d’avoir accepté d’être indirectement présente sur Bleuh !

Et je citerais un autre Eric que j’appellerais Monsieur Viennot tant ses créations sont absolument remarquables. Il fait des jeux, il les fait bien ( entre autre « In Memorian » et eXperience 112 ).

Enfin, je citerais une dernière personne pour qui j’ai une tendresse particulière : Orbie. Elle est de ce charmant pays qu’on appelle le Canada (en Gaspésie, je précise sinon elle va me wizzer sur MSN). Elle dessine, teste, expérimente différentes techniques toujours avec une touchante sincérité ! C’est simplement magique. Allez voir car je n’aurais pas assez de qualificatifs pour elle.

Et même si ils font des choses bien différentes, ils ont cette sensibilité qui transparaît dans leurs réalisations. J’espère avoir un peu de ce talent un jour.

– Merci moon, pour conclure est-ce que tu pourrais nous dire quelles sont les trois œuvres (BD, cinéma, musique, littérature…) qui t’ont marqué récemment ?

Je vais faire simple, 3 BDs : Le blog de Franquin (Eric « Turalo » Derian & Piak, donc), L’île sans Sourire (Enrique Fernandez) & Bulle et Nacelle (Renaud Dillies).

***

Remercions une fois de plus moon pour ses réalisations et également pour ce tutorial à destination de ceux qui désireraient se lancer dans la création de bande-dessinée numérique et donner une autre dimension à leur blog-bd ou webcomics : c’est ici.

Adapter une BD sur support numérique, ça sert à quoi ?

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iphone-bdEt oui, question quand même importante, c’est bien beau tous ces effets d’annonce, la BD sur iPhone, la BD sur netbook, la BD sur tablette numérique, etc. mais pourquoi faire ?

Évacuons d’ors et déjà l’argument du stockage et de la place, oui la BD numérique ça prends moins de place sur ses étagères et on peut la lire dans le métro, c’est vraiment trop cool.

Déjà, c’est mal barré, je prend un plaisir limite malsain à organiser mes étagères de livres et bandes-dessinées, j’ai pas de smartphone et je prends assez rarement le métro.

Au delà du fétichisme lié à l’objet livre (et qui ne le serait pas quand on voit de superbes ouvrages comme les Library Editions de Hellboy ou la récente intégrale de la Guerre d’Alan de Guibert, où L’Association a le bon gout de ne pas imprimer de code barre sur l’objet !), j’ai l’impression qu’on m’a volé une partie de l’oeuvre -et donc de mon plaisir – quand j’essayes de lire un titre via un lecteur, que ce soit celui d’Ave!Comics, de Digibidi ou de tout autre acteur de marché en pleine éclosion ou pire encore, ces affreux motion-comics lancés par des éditeurs américains pour promouvoir des films tirés de leurs licences.

Cette perte c’est celle de la lecture entière, de la découverte de la planche telle qu’elle a été imaginée et conçue par son ou ses auteurs, c’est à dire entière, sans zooms, effets de caméras et autres rythme de lecture imposé (mais désactivable selon les lecteurs, certes), pour aller même dans le pinaillage de mauvais aloi (mais j’ose tout, c’est même à ça qu’on me reconnait), par une altération de la mise en couleur pour peu que le support ne soit pas étalonné correctement…

Je repense à ma lecture récente du Signe de la Lune de Munuera, une bonne partie de mon plaisir à été de tourner la page afin de découvrir un nouveau découpage de la planche, une mise en scène particulière, un usage du gaufrier afin d’insuffler du dynamisme à la narration, sans m’imposer pour autant une vitesse de lecture ou un passage obligé dans l’ordre de chaque case.

Je n’ose imaginer le carnage de l’adaptation de ce titre, par exemple sur un iPhone.

Et puis, au juste, qui fait le choix du rythme, du zoom, de l’ordre de lecture dans un portage ? Il y a bien quelqu’un qui « adapte », voire qui – selon moi – modifie l’œuvre, la plie à la volonté du format. Est-ce un travail purement technique ou un choix artistique ? Est-ce une œuvre modifiée, donc composite ? Où est l’avis des auteurs dans tout cela ?

Au delà de cela, je ne peux pas m’empêcher de penser qu’il y aurait des applications possibles au portage d’une BD vers un support numérique : on pourrait imaginer le colossal From Hell, très documentée par son scénariste se voir adjoindre un système permettant d’afficher ou non les notes afférentes à la page lue, ou pour tout autre titre, un passage possible d’un simple clic d’un version N&B à la version couleur, voire, pourquoi pas aux crayonnés ou études liées à la page lue. Dans le même ordre d’idée, je me rappelle le documentaire sur la conception d’Un Homme Est Mort de Kris et Davodeau (qui pourrait d’ailleurs être joint au titre en numérique, pourquoi pas ?) et l’on présentait plusieurs versions d’une même page, au fil de la conception de l’ouvrage, celles-ci pourraient être intégrées, à la manière des scènes coupées des bonus DVD…

Bien évidemment, je ne suis pas dupe, tout cela n’entre pas réellement à l’heure actuelle dans une logique de marché qui veut que l’on adapte en priorité Les Geeks, Les Blondes, des shonen, les Spiderman ou Lanfeust et que la priorité c’est proposer des choses qui se vendent avant de réellement se pencher sur une démarche artistique autour d’un support qui permet pourtant bien des expérimentations, mais cela sera l’objet d’un futur billet éventuellement.

(Illustration : support de pub pour Iphone)